dimanche 6 octobre 2024

L'Église Catholique et la Bible : Répondre aux idées fausses du Branhamisme

Récemment sur Facebook, j'ai eu une discussion avec un adepte du mouvement branhamiste, un groupe sectaire en marge du christianisme. Le débat portait sur la place de la Bible dans l'Église catholique. Mon interlocuteur croyait fermement que l'Église avait longtemps interdit l'accès aux Écritures aux fidèles laïcs. 

Pour corriger cette idée répandue mais erronée, j'ai présenté des arguments qui montrent une perspective différente, plus nuancée. Dans ce blog, je partage les principaux points de ce dialogue, avec ses affirmations en rouge et mes réponses en noir.

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 1) Reponse a la 1ere question, cher Eric! "Le concile de Toulouse a eu lieu en 1229. Le canon 14 interdit aux laïcs la lecture et la possession de la Bible, à plus forte raison en langue vulgaire. Le concile de Constance (1414 - 1418).''

Réponse 1

Le Concile de Toulouse (1229) n’était pas un concile universel, mais un simple synode local. Il n’avait donc pas d’autorité sur l’ensemble de l’Église catholique. Comme l’indique cette encyclopédie : 

« Le Concile de Toulouse était un concile local, tenu par une église locale, et non un concile œcuménique ayant une autorité contraignante sur toute l'Église catholique. » - https://fr.wikipedia.org/wiki/Concile_de_Toulouse

Ce synode a été convoqué par l'évêque Folquet de Marselha pour gérer la crise causée par les hérétiques cathares qui semaient le trouble et provoquaient des violences civiles ayant coûté des milliers de vies. Il faut comprendre que cette interdiction de lire la Bible en langue locale était une mesure temporaire pour éviter de nouvelles interprétations erronées qui alimentaient l’hérésie.

Jésus lui-même met en garde contre le fait de donner des choses sacrées à ceux qui ne les respecteront pas : « Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds et que, se retournant, ils ne vous déchirent » (Matthieu 7:6). L'Église a donc agi pour protéger la sainteté des Écritures contre des lectures erronées.

De plus, cette interdiction a duré peu de temps. Dès 1233, lors du concile provincial de Béziers, cette limitation n'était plus en vigueur, car la menace cathare s'était affaiblie. En parallèle, l'université de Toulouse a été fondée en 1229, avec l'appui de l'Église, pour enseigner la théologie et les autres disciplines. C’est une preuve que l’Église n’interdisait pas la lecture de la Bible, mais cherchait à encadrer son interprétation correcte. 

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Universit%C3%A9_de_Toulouse

Enfin, comme le fait remarquer le sociologue Dave Armstrong : « La population de Toulouse en 1229 était d'environ 32 000 habitants, alors que celle de l’Europe était de 68 millions. Ainsi, l'interdiction du synode de Toulouse n'affectait que 0,04% de la population européenne, loin d'une interdiction générale de la Bible. » - https://www.patheos.com/blogs/davearmstrong/2021/05/did-medieval-catholicism-forbid-all-vernacular-bibles.html

Il est donc faux de prétendre que l'Église catholique a interdit la lecture de la Bible à tous. Cette mesure locale et temporaire visait seulement à endiguer une hérésie dangereuse, comme l’enseigne l’Évangile de Matthieu.

2) "Question 3: Le concile de Constance (1414 - 1418). Lors de ce concile eut aussi lieu le procès et la condamnation pour hérésie de John Wyclif, Jan Hus et Jérôme de Prague, réformateurs comme Martin Luther plus tard. Jan Hus et Jérôme de Prague furent suppliciés sur le bûcher à onze mois d'intervalle."

Réponse 2:

Non, John Wycliffe n’a pas été brûlé avec la Bible. En réalité, Wycliffe est mort naturellement en 1384, bien avant le concile de Constance (1414-1418). Cependant, en 1415, ce concile l’a condamné pour hérésie, principalement à cause de ses critiques de l'Église et de ses traductions de la Bible en anglais, en raison de certaines préfaces provocantes en langue vernaculaire. En 1428, son corps a été exhumé, brûlé et ses cendres dispersées, mais il n'a jamais été brûlé de son vivant, ni avec une Bible. 

Source : Encyclopaedia Britannica: https://www.britannica.com/biography/John-Wycliffe/Translation-of-the-Bible

Concernant ses traductions de la Bible, bien qu'elles aient été révolutionnaires pour l'époque, elles étaient imparfaites. Wycliffe avait traduit la Bible à partir de la Vulgate latine et non des textes originaux en hébreu ou en grec, ce qui a engendré des erreurs dues aux multiples étapes de traduction. Malgré ces imperfections, la traduction de Wycliffe a marqué une avancée importante à l'époque. Cela a aussi ouvert la voie à des traductions plus précises, comme celle de William Tyndale, qui a utilisé les textes originaux hébreux et grecs.

Les Bibles des Wycliffites n'ont pas été condamnées pour leur contenu biblique, mais à cause des préfaces polémiques qui les accompagnaient. Ces préfaces contenaient des critiques sévères des prêtres et de l'Église, et c'est pour cette raison que l'Église exigeait que les traductions soient approuvées par les évêques locaux. Par exemple, les Lollards, partisans de Wycliffe, ajoutaient souvent des commentaires controversés dans leurs copies, même si le texte biblique restait fidèle. Il est donc compréhensible que l'Église ait voulu limiter ces versions pour protéger la foi et les enseignements. 

Source : Bible Researcher: https://www.bible-researcher.com/1911-wyclif.html

En résumé, l’Église n’a pas interdit les traductions de la Bible en soi, mais elle voulait s'assurer que des idées erronées ne soient pas ajoutées aux Écritures. 

Source : Dave Armstrong - Patheos: https://www.patheos.com/blogs/davearmstrong/2021/05/did-medieval-catholicism-forbid-all-vernacular-bibles.html

3) Avec la constitution « Dominici gregis custodiae » du 24 mars 1564, Pie IV prohiba les versions de la Bible en langues vulgaires. La lecture des textes sacres devait desormais se faire en Latin uniquement.

Réponse 3Non, l'Église catholique n'a jamais interdit la lecture de la Bible. La constitution "Dominici gregis custodiae" de Pie IV en 1564 ne visait pas à empêcher la lecture des Écritures, mais à contrôler les traductions pour éviter des erreurs doctrinales. Les fidèles pouvaient lire la Bible en langues locales avec l'approbation des évêques, assurant ainsi que les versions utilisées étaient fiables.

Source: https://www.newadvent.org/cathen/07721a.htm

Un exemple contemporain similaire est le rejet par de nombreux chrétiens (inclus protestants) de la Traduction biblique du Monde Nouveau des Témoins de Jéhovah, car elle est considérée comme mal traduite et soutenant des doctrines erronées. Ainsi c’est comme à l'époque, l'Église cherchait à protéger ses fidèles des interprétations incorrectes.

Le mythe selon lequel l'Église interdisait la Bible est faux. Elle a toujours encouragé la lecture des Écritures, mais avec des précautions pour préserver la doctrine comme celà est aisément demontré par Steve Ray dans son article suivant: chrome-extension://efaidnbmnnnibpcajpcglclefindmkaj/https://www.catholicconvert.com/wp-content/uploads/ForbidBibleReading.pdf  

Dans les années 1890, nous avons l'encyclique Providentissimus Deus, émise par le pape Léon XIII, dans laquelle il écrit :

« La réflexion calme et impartiale sur ce qui a été dit montrera clairement que l'Église n'a jamais manqué de prendre les mesures nécessaires pour rendre les Écritures accessibles à ses enfants, et qu'elle a toujours conservé et exercé utilement cette garde confiée par Dieu tout-puissant pour la protection et la gloire de Sa Sainte Parole. » - Pape Léon XIII, Providentissimus Deus, Sur l'étude des Saintes Écritures, 1893.

Nous avons également un exemple où il établit, le 13 décembre 1898, une indulgence pour la lecture des Évangiles au moins 15 minutes par jour, et une indulgence plénière une fois par mois pour la lecture quotidienne de l'Évangile.

De plus, le pape Saint Pie X a déclaré :

« Rien ne nous ferait plus plaisir que de voir nos enfants bien-aimés prendre l'habitude de lire les Évangiles — non seulement de temps en temps, mais tous les jours. » - Pape Saint Pie X.

 4) L’Index librorum prohibitorum. L'index des livres interdits est un catalogue instauré à l'issue du Concile de Trente (1546-1563). Il s'agit d'une liste d'ouvrages que les catholiques romains n'étaient pas autorisés à lire, dont la Bible, qui était de loin le livre le plus censuré jusqu'à la suppression de l'Index.

Réponse 4: C'est faux que dans la liste de l'index librorum prohibitorum, l'Eglise a interdit la lecture de la bible. Au faite, cette list peut être lu même aujourdhui et la bible n'y figure pas du tout. Voyez vous même la liste: https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_authors_and_works_on_the_Index_Librorum_Prohibitorum.

Je crains que vous avez cru à beaucoup des mythes anti-catholique malheureusement. Puis-je me permettre de vous encourager à suivre le conseil de saint Paul apotre dans son épitre à Timothée:

"Mais rejette les fables profanes, et semblables aux récits des personnes dont l'Esprit est affaibli; et exerce-toi dans la piété." - 1Timothée 4:7

5) L'encyclique "Qui Pluribus" du pape Pie IX. Dans cette lettre de Pie IX (1846), on y trouve la condamnation des " perfides sociétés bibliques qui répandent parmi les fidèles les moins instruits les livres des saintes écritures traduits en toute espèce de langues vulgaires et souvent expliquées dans un sens pervers . . . les répandant partout gratuitement ".

Réponse 5: Ce passage montre que l'opposition de l'Église n'était pas contre la Bible elle-même ou contre sa traduction en langues vernaculaires, mais contre certaines sociétés bibliques (souvent protestantes) qui distribuaient des Bibles avec des commentaires ou des traductions jugées doctrinalement incorrectes par l'Église catholique. Le problème résidait donc dans les traductions et les interprétations jugées "perverses" ou erronées, mais pas dans la diffusion de la Bible en tant que telle.

L'Église cherchait à protéger les fidèles de ce qu'elle considérait comme des lectures déviantes ou mal interprétées des Écritures, tout en encourageant une lecture et une interprétation supervisées par des autorités compétentes.

"C'est ce qu'il fait dans toutes les lettres, où il parle de ces choses, dans lesquelles il y a des points difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens, comme celui des autres Ecritures, pour leur propre ruine." - 2 Pierre 3:16

 6) Jusqu'aujourd'hui des catholiques qui portent et lisent la Bible sont regardees avec suspicion. C'est pour cette raison que la plupart des freres et soeurs catholiques n'apportent pas de Bibles a la messe, et ils ne sont jamais encouragees a le faire.

Réponse 6: Ce commentaire repose sur une idée fausse. L'Église catholique encourage activement la lecture des Écritures et cela depuis longtemps. Voici quelques exemples clairs qui montrent l'importance accordée à la Bible dans l'Église :

Le Catéchisme de l'Église catholique, paragraphe 133, déclare avec force :
«L'Église exhorte avec force et de façon particulière tous les fidèles chrétiens... à apprendre la connaissance suréminente de Jésus-Christ par la lecture fréquente des divines Écritures. L'ignorance des Écritures, c'est l'ignorance du Christ. »

Pape Benoît XVI, Angelus (6 novembre 2005) :

«Parmi les nombreux fruits de ce printemps biblique, je voudrais mentionner la diffusion de l'ancienne pratique de la Lectio Divina ou "lecture spirituelle" des Saintes Écritures. Elle constitue un véritable chemin spirituel marqué par des étapes.»

Pape François, dans Evangelii Gaudium (2013), n° 175, a rappelé :

« L’étude des Saintes Écritures doit être une porte ouverte à tous les croyants. La Bible n’est pas réservée à quelques privilégiés, elle appartient à tous. »

Pape Jean-Paul II, dans Veritatis Splendor (1993), n° 85, a souligné :

« L'Église n'a jamais cessé de recommander la lecture et la méditation des Écritures, afin que la Parole de Dieu devienne toujours davantage la lumière de la vie pour les fidèles. »

Enfin, Pape François, lors d'une audience générale en 2016, a dit : 

« Chaque jour, prenez l'Évangile, lisez un passage. Cela vous fera beaucoup de bien. »

Ces citations démontrent clairement que les catholiques sont non seulement encouragés à lire la Bible, mais qu’ils sont invités à en faire un guide dans leur vie quotidienne. Si certains fidèles n'apportent pas de Bible à la messe, cela ne signifie pas que l'Église décourage cette pratique. Au contraire, elle valorise et promeut la lecture des Écritures comme une partie intégrante de la foi.

7) Il me semble clair que l'Église Catholique Romaine voulait et veut toujours garder ses fidèles dans l'ignorance pour conserver son emprise et son pouvoir sur la chrétienté.

Réponse 7: Pour corriger l'idée erronée selon laquelle l'Église catholique aurait restreint l'accès à la Bible, voici une liste de citations clés du leadership de l'Église, illustrant leur engagement à promouvoir la lecture des Écritures à travers l'histoire :

Pape Saint Grégoire I (mort en 604 après J.-C.) :

« L'Empereur des cieux, le Seigneur des hommes et des anges, vous a envoyé Ses épîtres pour le bien de votre vie — et pourtant vous négligez de les lire avec empressement. Étudiez-les, je vous en prie, et méditez chaque jour les paroles de votre Créateur. Apprenez le cœur de Dieu dans les paroles de Dieu, afin de soupirer plus ardemment après les choses éternelles, que votre âme soit enflammée de plus grands désirs pour les joies célestes. »

 Pape Léon XIII, dans Providentissimus Deus (1893) :

« L'Église n'a jamais manqué de prendre les mesures nécessaires pour rendre les Écritures accessibles à ses enfants, et elle a toujours conservé et exercé de manière utile cette garde confiée par Dieu pour la protection et la gloire de Sa Sainte Parole. »

Pape Pie VI, dans une lettre à l'archevêque Martini (1778) :

« Vous jugez excellemment que les fidèles doivent être encouragés à lire les Saintes Écritures, car elles sont les sources les plus abondantes de moralité et de doctrine, pour éradiquer les erreurs qui se propagent largement en ces temps corrompus. »

Pape Saint Pie X :

« Rien ne nous ferait plus plaisir que de voir nos enfants bien-aimés prendre l'habitude de lire les Évangiles — non seulement de temps en temps, mais tous les jours. »

Pape Benoît XV, dans Spiritus Paraclitus (1920) :

« Notre seul désir pour tous les enfants de l'Église est qu'ils soient saturés de la Bible, afin qu'ils parviennent à la connaissance suréminente de Jésus-Christ. »

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